POGO CAR CRASH CONTROL

POURQUOI DÈS QU’UN GROUPE fait de la musique violente, percutante, puissante on tape forcément fans le champ lexical du chaos? Détruire, exploser, arracher, massacrer, Thanosser... Cʼest un raccourci évident mais cela ne sʼapplique pas forcément à Pogo Car Crash Control. Alors oui, cʼest sûr que depuis leur première répète dans le 77 dans une salle taillée comme un demi-gymnase entre un Quick et un McDo, le groupe a plutôt fait dans le bruyant que dans la délicatesse. Et pourtant, avec P3C, on est plus dans la construction que dans lʼanéantissement.

En Seine Et Marne, il y a beaucoup dʼespace et quand on a uniquement grandi pour le combler, il vaut mieux bâtir que détruire. Cʼest justement ça leur musique. De la construction. Pogo Car Crash Control érige des ponts subtils, cachés, dissimulés sous une pluie torrentielle de décibels. Des ponts entre les groupes qui les ont bercés. Du Slayer? Oui. Du System Of A Down? Totalement. Mais attends, yʼaurait pas aussi deux trois mèches de Nirvana? Oui Jean Luc, il y en a. 3 groupes assez opposés qui ont emprunté le pont qui mène à Brie-Comte-Robert.

Le son de Tête Blême est plus mature, plus creusé, moins indie. Les guitares aussi chaudes quʼun incendie australien, une basse qui tʼenlace comme les bras de Satan, des rythmiques sismiques, un chant que Jaz Coleman nʼaurait pas renié et quand même un brin catchy. Ouais parce que faire chanter un public ça fait jamais de mal.

Pogo Car Crash Control ce nʼest pas que la musique, cʼest aussi un propos. Une sorte dʼadolescence jamais digérée, un témoignage dʼun certain mal être. La société est codée et il nʼy a que deux options : soit tu rentres soit tu sors. Et comme dirait Claudy, va falloir prendre une décision. Pogo a choisi de rester dehors. Les textes vont à lʼencontre du paraitre ambient où tout le monde passe la soirée de sa vie le temps dʼune photo Instagram.

Ce Monde Humiliant, Seul A Tomber, LʼEgo Au Chiotte, Pourquoi Tu Pleures...Les titres de lʼalbum Tête Blême parlent pour eux. Des paroles gueulées, jouées, éraillées à 3000 à lʼheure comme si on se pressait de pogoter pour ne pas pleurer: lʼévolution de leur Déprime Hostile. Le stade dʼaprès. Celui de la crise, de la nausée. Une sorte poing de nez, de grosse taloche à une société violente dans laquelle on se fait dégommer dès quʼon veut gueuler. Avec eux, on peut. Bienvenue dans un univers qui oppose réalisme et fantastique.

Mais attention, Pogo Car Crash Control reste un groupe de fête et de live (plus de 150 concerts au compteur), il nʼy a quʼà mater les tronches des spectateurs après 1h de set : les sourires se mêlent à la sueur, la joie se mêle au sang. Un bonheur salé quoi ! Et ce quelle que soit la taille de la salle. La même sensation dans un squat à Saint-Ouen, dans un Zénith de Paris fou, sur la scene du Hellfest en 2018 ou dans une Maroquinerie blindée ras la gueule. La taille ne mesure pas lʼeuphorie.

P3C nʼest pas figé, pas enfermé dans les préceptes dʼun style hardcore avec ses codes, ses obligations, ses limites. Là, le groupe construit à nouveau, se libère aussi, assume de tuer toutes traces de pop. Le groupe créé une sorte de Schengen Alternatif. La libre circulation des riffs. Passer du metal au punk, dʼune couleur à lʼautre en 2 mesures, pas évident ? Challenge accepted !

Et en plus ils kiffent la Piña Colada !